Parmi les nombreux systémes mis au point par les
Nippons, on désignait par le terme de Kamashio (Mer divine) diverses techniques-suicide, au nombre des- quelles figurait celle qui consistait a faire transporter des charges explosives par des nageurs. C’est a Seki que revint l’honneur d’accomplir la premiere mission kamikaze a la téte d’une formation de quatre Zero, le 25 octobre 1944. ll fut néanmoins un peu déeu, car, au lieu des grands porte-avions qu’il révait de détruire, il ne rencontra que quelques porte-avions d’escorte, proies nettement moins interes- santes a ses yeux. Apres avoir averti les pilotes qui le suivaient, Seki fonea sur les batiments américains. ll sélectionna sa cible — en l’occurrence le Santee -- avec sang-froid et, bientot, une terrible explosion bouleversa le Ciel du Pacifique. L’équipage du porte- avions, saisi de stupeur, n’avait pas réagi, et la défense antiaérienne était restée muette. Deux autres porte- avions purent éviter la catastrophe. Leurs batteries eurent le temps d’atteindre deux Zero, qui tomberent a l’eau. Le troisieme, plus hesitant, attendit un moment avant de fondre sur le Swanee, ou il explosa avec sa bombe. Quelques heures plus tard, les Japonais laneaient une autre attaque du méme type. Cette fois, trois avions toucherent leur but, endommageant trois porte-avions et coulant le Saint Lo. Le lendemain, une autre attaque se déroulait dans le golfe de Leyte. Néanmoins, les plus grandes attaques kamikazes n’eurent lieu qu’apres les premiers bombardements de Tokyo par les B-29 américains. La premiere (6 avril 1945) eut pour objectif la fiotte américaine basée a Okinawa. Les Japonais utilisaient des matériels périmés : vieux hydravions et bombardiers vétustes, Zero en piteux état. Les seuls appareils en bonne condition étaient ceux qui devaient encadrer et guider la masse des cinq cents avions mis en ligne. Le mauvais temps s’ajoutant a l’inexpérience de nombreux pilotes, beaucoup d’acci- dents eurent lieu au décollage. Les Nippons étaient a peine en vue d’Okinawa que, déja, les Américains réagissaient, prévenus de la menace par leurs radars. En dépit de leur farouche volonté de vaincre, les Japonais furent décimés par les Grumman F6F, rapides, puissamment armés et emportant des équi- pages surentrainés. Les pilotes nippons n’étaient pas en état de se battre, et, a ceux qui échappérent au carnage, il ne restait plus qu’a voler droit vers leur but. Probablement épuisés, tous n’eurent pas le sang- froid nécessaire pour sélectionner leurs objectifs. Les pertes japonaises furent catastrophiques : pour deux avions américains perdus, on dénombra environ 400 appareils japonais détruits. Néanmoins, une autre grande attaque fut lancée des le lendemain. Des 180 avions-suicide engages dans l’opération, la moitié furent abattus soit par la chasse ennemie, soit par la défense antiaérienne des porte- avions. La tactique du kamikaze semblait donc rester infructueuse. Simultanément, l’état-major lancait des attaques Oka, sous le commandement de Kuromaru et essentiellement a partir de Kanoya, dans l’ile de Kyu Shu. Les premieres eurent lieu le 21 mars 1945. Les porte-avions américains commencant a s’appro- cher dangereusement des Cotes occidentales du Japon, seize bimoteurs Mitsubishi G4M «Betty» équipés d’Oka prirent l’air, escortés par trente Zero commandés par Goro Nonaka. Cette escorte était insuffisante et se montra totalement impuissante face aux Hellcat américains; la mission se solda par un échec complet, et les pilotes-suicide sacrifierent inutilement leur vie. ll en fut de méme a Okinawa, ou rares furent les engins qui toucherent leur but. Il est difl‘icile d’établir un bilan exact des pertes américaines et japonaises. lronie du sort, la source principale d’informations au cours des combats était pour les J aponais la radio américaine, car les kamikazes n’étaient évidemment plus la pour rendre compte de leur mission. Un certain nombre d’évaluations ont |
toutefois été établies apres la guerre. Du cote japonais,
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