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plus gros, lui succeda. Ce curieux oiseau a trois
branches, formees chacune par une structure triangu- lee en tubes, englobait trois moteurs Gnome en etoile de 100 ch refroidis par autant de ventilateurs de dia- metre identique et entrainant deux helices contra- rotatives en bois de 6 In de diametre. Au-dessus de celles-ci tronait l’observateur, installé dans un cylin- dre monte en bout d’axe et ne tournant heureusement pas! Le carburant et l’huile etaient contenus dans une embase spheroide centrale supportant 1’ensemble du dispositif lorsqu’il etait au sol. La presence d’un ballonnet avec manometre a l’extremite de chaque structure intrigue et sous-entend une fonction de stabilisation ou de propulsion horizontale. Ce deuxieme helicoptere vola avec succes au printemps de 1918. Mais le desinteret des autorites militaires et l’ef’fondre- ment des Empires centraux mirent fin a cette experience remarquable. La paix revenue, Karman retourna a Aix—la- Chapelle. Partant des etudes fondamentales realisees avant la guerre sur les profils alaires et les ecoulements tourbillonnaires, il entama un cycle fecond qui 1e conduisit, entre autres, £1 definir les principes des raccords entre la voilure et le fuselage des avions. Cette decouverte contribua partiellement a la conse- cration des monoplans a voilure basse cantilever, et, pour les specialistes. ces raccords sont devenus les << karmans ». Professeur at. Caltech En 1926, Karman se rendit pour la premiere fois aux Etats-Unis, sur une invitation de la fondation Guggen- heim, dont le laboratoire d’aerodynamique devait bientot s’enrichir d’installations d’experimentation, comme une souffierie edifiee d’apres un projet auque! collabora le Hongrois. Apres un voyage autour du monde et une serie de conferences au Japon — pays qui jetait alors les bases de ce qui allait devenir une puis- sante aeronautique militaire, Karman enseigna de ' nouveau a Aix-la-Chapelle (parmi ses eleves, il comp- : tait l’ltalien Giuseppe Gabrielli, qui participa a L quelques recherches du maitre avant de se distinguer I au departement Avions de la Fiat). Paral1e1ement,il ; professa a la fameuse ecole d’ingenieurs Caltech (Californian Institute of Technology). I Devant la montee du nazisme, Karman emigra aux , Etats-Unis. En 1936, il acquit la citoyennete ameri- caine, et c’est sous sa direction que le Laboratoire aeronautique Guggenheim allait devenir une source de reference pour l’ensemble des chercheurs et des techni- ciens engages dans les projets les plus avances. En 1942, Karman fondait l’Aerojet Engineering Corporation, qui s’afl°1rma rapidement dans la fabrica- tion de fusees d’a.ssistance au decollage et de fusees de sondages scientifiques. Pendant la guerre, il contribua largement a resoudre les tres nombreux problemes techniques que posait le conflit a 1’industrie aeronau- tique americaine, La paix revenue, Karman fut appele a la presidence du Comite technique aeronautique de l’OTAN et de divers organismes specialises dans 1’aerospatial. I1 soutint la creation de l’Institut d’aerodynamique “ experimentale de Rhode-Saint-Genése, pres de Bruxelles, qui porte maintenant son nom, et se consa- era a l’etude de la thermodynamique et de la combus- tion. Auteur d’ouvrages fondamentaux — comme le remarquable Méthodes mathématiques en ingénierie, publie pendant l’entre-deux-guerres —, il redigea egalement nombre de notices scientifiques. Karman s’est eteint le 6 mai 1963 a Aix-la-Chapelle, ou avait debuté, plus d’un demi-siecle auparavant, son excep- tionnelle carriere de chercheur et de savant. Les raccords Karman se retrouvent également sur des appareils d'entrainement tel Ie Morane-Sau/nier MS-733 (photo Arch. 8. Bombeau). |