Apres ses six victoires du 10 mai, Fonck abattit
encore trois avions allemands le 25 juin, et deux autres le 27. A la méme époque, la SPA.l03 entra en ligne a Vertus, sur la Marne, dans le but de freiner l’ofl°ensive allemande qui, partie du Chemin des Dames 1e 27 mai précédent, menacait directement Paris. Trois jours aprés son arrivée dans ce secteur, Fonck enregis- trait sept victoires supplémentaires. Au-dessus de la Somme, durant le mois d’aofit, il parvint 21 détruire, en dix secondes, trois des quatre chasseurs ennemis qui l’avaient attaqué. L’activité de la SPA.103 se ralentit ensuite jusqu’au 26 septembre 1918. L’escadri1le se trouvait alors en Champagne, ou se déroulaient de violents combats. Ce jour-la, Fonck réédita son exploit du 10 mai en détrui- sant, au-dessus des villages de Somme-Py et de Perthes- les-Hurlus, six appareils allemands. Vers la fin du conflit, il utilisait un SPAD S-12 armé d’un canon de 37, avec lequel il obtint sept victoires. Sa derniere vic- time fut un biplace lanceur de tracts qui s’écrasa, le 19" novembre 1918, dans la région de Vouziers. Des lors, Fonck ne devait plus sortir, a cause du mauvais temps, jusqu’a la signature de l’Armistice. I1 termina la guerre avec le grade de lieutenant et soixante-quinze victoires ofificielles, que recompen- saient vingt-six citations. Les honneurs et 1’oubli L’as des as eut l’insigne honneur de porter le drapeau de l’Aéronautique militaire lors du défilé de la victoire, le 14 juillet 1919. Apres avoir été affecté a la section essais de Villacoublay (Service technique de l’aéro- nautique) dans le but de lancer une série de raids et de records, Fonck se présenta aux élections législatives de 1919 dans la circonscription de Saint-Dié et fut élu haut la main. Nommé capitaine le 26 juin 1919, il fut démobilisé le 28 octobre de la méme année. |
L’essentiel de la carriere parlementaire de Rene
Fonck se resuma dans une defense inconditionnelle de l’aviation. Maintes fois il manifesta son inquietude de voir la France perdre progressivement la premiere place dans le domaine aeronautique. Il publia un ouvrage dans lequel il tenta_dedemontrer l’importance d’une aviation militaire puissante dans la defense d’un pays. Mais ses appels ne furent guere ecoutes. En 1924, la Chambre « bleu horizon » céda la place a une majorite favorable au Cartel des gauches. Des l’expira- tion de son mandat, Fonck partit pour les Etats-Unis a la demande du gouvernement américain. Nomme offi- cieusement conseiller technique, le grand as francais s’y consacra au developpement qualitatif et quantitatif de la chasse americaine. . ll decida ensuite de mettre en pratique une idee qui lui tenait a coeur depuis 1919, c’est-a-dire depuis la creation du Prix Orteig, dont les 25 000 dollars etaient destines a recompenser la premiere traversee aérienne New York-Paris. Fonck recruta un equipage de valeur, compose du lieutenant Curtin (copilote), du meca- nicien Islamoff et du radio Clavier. En septembre 1926, tout était pret. Le 21, Fonck roulait sur le terrain de Roosevelt Field avec un trimoteur Sikorsky S-35, charge de 9 500 litres de carburant. A cinquante metres du bout de la piste, le pilote, se rendant compte que l’avion ne decollerait pas, tenta de manoeuvrer pour le freiner, mais l’une des roues se brisa et le Sikorsky pivota sur lui-meme. Fonck et Curtin eurent le temps de sauter, mais le mecanicien et le radio peri- rent carbonisés. Fonck fut profondement bouleverse par cette tragedie. De 1916 a 1935, Fonck vecut retire du monde. Le 25 juin 1935, i1 devenait commandant de reserve et, avant la fin de cette meme annee, il était mis a la dispo- sition du ministre de l’Air, le general Denain, pour une duree de douze mois. Ses competences exceptionnelles le designaient pour remettre sur pied une aviation de chasse qui, comme l’ensemble de l’armee de l’Air, tentait de se renover dans le cadre du plan I. Nanti du titre de « conseiller technique charge de l’etude des modifications et ameliorations a apporter aux procedes de combat et aux methodes d’instruction de l’aviation legere de defense », Fonck essaya de remplir cette mission avec toute l’el’ficacite voulue. L’arrivee au pouvoir du Front populaire mit fin a son activite. Le ll novembre 1938, le gouvernement l’invita a lancer un appel a la radio pour mettre les Francais en garde contre la menace allemande en Europe. Fonck, qui avait acquis une connaissance profonde de la politique, et de l’ame allemandes depuis 1919 et qui entretenait des relations assez suivies avec Goering et Udet, reprit des activites ofiicielles en septembre et fut affecte, comme lieutenant-colonel de reserve, au grand quartier general aerien du general Vuillemin. Nomme colonel en mars 1940, il fut rendu a la vie civile le 19" octobre suivant. Pendant la période sombre qui suivit l’armistice, Fonck resta tres proche du maréchal Pétain, mais n’accepta pas la proposition que lui fit ce dernier d’en- trer dans son cabinet et refusa les étoiles de général qu’on lui ofl‘rit. Juste avant l’entrevue de Montoire, il participa a des contacts avec Goering. ll fut cependant impliqué dans la malheureuse affaire qui, en avril 1942, aboutit au depart de l’amiral Darlan et au retour de Laval au pouvoir. Dégu d’avoir été le jouet de cer- tains hommes politiques, Fonck se démarqua du regime, d’autant qu’il détestait Laval, trop collabora- tionniste a son gré. Ayant aidé des gens traqués par les Allemands, il frisa l’arrestation en 1943. Arrété et incarcéré a la Santé en septembre 1944, ii bénéficia d’une ordonnance de non-lieu et fut libéré le 24 décembre. Aprés cet épisode douloureux, Fonck regagna son pays natal. A sa mort, il eut tout de meme droit a des obséques ofiicielles aux lnvalides. Son corps fut ensuite transféré dans le petit cimetiére de Saulcy-sur-Meurthe. ‘ |
René Fonck, photographié
en juillet 1930, a I'occasion
de la King's Cup.
Entre Ies deux guerres,
I'as frangais s'adonna
é I’aviation Sportive
et a‘: I'acrobatie aérienne
(photo R. Grosvenor-Neill Bruce).
en juillet 1930, a I'occasion
de la King's Cup.
Entre Ies deux guerres,
I'as frangais s'adonna
é I’aviation Sportive
et a‘: I'acrobatie aérienne
(photo R. Grosvenor-Neill Bruce).